La Vie, 16 Février 2012

Nouvelle démission chez les Légionnaires du Christ
Natalia Trouiller

Selon le blog italien Trastevere, qui publie sa lettre de démission, la responsable des consacrées de la branche laïque des Légionnaires du Christ Malen Oriol a quitté le mouvement. Une démission de plus dans un mouvement qui ne parvient pas à tourner la page des crimes de son fondateur.


Malen Oriol entourée de consacrées de Regnum Christi. ©DR

REGNUM CHRISTI: DEMISSION DE LA SUPERIEURE DES CONSACREES

C'est le blog Trastevere du journaliste José Martinez de Velasco, un spécialiste des Légionnaires du Christ, qui le révèle: Malen Oriol, dans une lettre adressée au cardinal De Paolis, en charge de la rénovation de la Légion du Christ au Vatican, démissionne de sa charge de supérieure des consacrées de la branche laïque de la Légion, Regnum Christi, et quitte le mouvement accompagnée d'une trentaine d'autres femmes. Elle précise qu'elle continuera à vivre en tant que laïque consacrée, mais sous l'autorité d'un évêque, ce qui, selon l'AP, permettrait éventuellement à d'autres consacrées de quitter Regnum Christi tout en continuant de suivre leur vocation.

> Après Jesus Colina il y a quelques mois, c'est une autre figure historique des Légionnaires qui quitte ainsi le navire. Et pas n'importe laquelle: Malen Oriol est issue d'une famille espagnole liée très étroitement à la Légion. C'est elle qui avait permis au fondateur Marcial Maciel de rencontrer les familles catholiques les plus riches d'Espagne et d'Europe, permettant ainsi au mouvement de s'étendre sur tout le vieux continent: comme l'a déclaré le journaliste Alfonso Torres Robles, "dans le classement des sources de pouvoir et de financement qui ont permis à la Légion de se développer en Europe, je mettrais la famille Oriol à la première place". Quatre des frères de Malen y étaient prêtres; en octobre 2010, Santiago Oriol, l'un d'entre eux, a annoncé son départ de la Légion après 33 ans de sacerdoce en son sein, arguant de "choses qu'il ne pouvait pas accepter". C'est son frère Alfonso, lui aussi légionnaire, qui avait lu la déclaration par laquelle il mettait fin à son engagement au sein du mouvement: "Premièrement, parce qu'il ne peut plus croire en la Légion. Deuxièmement, parce qu'il n'a plus confiance en elle. Troisièmement, parce qu'il n'est pas d'accord avec la façon de vivre la charité dans la congrégation, dans laquelle tous ne sont pas traités de façon équitable, comme ils avaient toujours été traités avant. Et quatrièmement, parce qu'il s'oppose à la façon par laquelle la Légion gère son réseau financier, lequel est bâti sur de la spéculation économique, et parce que son incapacité d'adaptation est parvenue à son maximum". Les trois autres frères Oriol ont souffert d'un harcèlement incroyable de la part de la Légion lorsqu'ils ont appris les crimes du fondateur et se seraient fait incardiner, ou seraient en passe de l'être, dans des diocèses espagnols.

> Malen Oriol, qui selon certaines sources aurait été la première de la famille à ouvrir les yeux sur la perversité du fondateur de la Légion, avait choisi de rester afin d'accompagner la rénovation du mouvement. Il semble qu'elle ne croie plus que ce dernier puisse être sauvé.


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