hu lala, 28 Février 2012

Eglises : la « golden liste » allongée


Le parlement a voté lundi en faveur d’un allongement de la liste des 14 Eglises et communautés religieuses officiellement reconnues en Hongrie.

Face à la volée de critiques, de la part de Washington notamment, reprochant au gouvernement hongrois de restreindre la liberté de culte en Hongrie, le gouvernement avait promis de permettre à d’autres Eglises d’obtenir le statut officiel.

C’est chose faite, en partie en tout cas, puisque leur nombre passe de 14 à 32. Parmi les heureux élus, on trouve 5 groupes bouddhistes, deux organisations musulmanes, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et même les Témoins de Jéhovah ! Toutes ces communautés religieuses ne seront désormais plus imposées, recevrons des subventions de l’Etat et pourront collecter des dons.

Avec ces 370 Églises officiellement reconnues jusque-là - dont beaucoup n’étaient que des coquilles vides, menaient des activités très opaques, permettaient à des entreprises de s’exonérer d’impôts - le pays avait absolument besoin d’une nouvelle loi. Mais la Commission de Venise du Conseil de l’Europe – qui l’examine en ce moment - lui reproche son caractère « sur-politisé ». En effet, les demandes de 66 autres groupes religieux ont été rejetées et il semblerait – à première vue - que ce soit le cas de toutes celles liées de près ou de loin à l'opposition. Pas étonnant donc que les partis de l'opposition aient boycotté le vote au Parlement.

Les liens Etat-Eglises renforcés

La nouvelle loi sur la religion serait donc un outil pour le gouvernement pour asseoir son pouvoir. Voici ce que nous écrivions un mois plus tôt dans l’article « La Hongrie sous le signe de Dieu, officiellement… » :

Un lien très étroit est en train de se nouer entre l’Etat et les Eglises sous le gouvernement conservateur et nationaliste de Viktor Orbán. Notamment en raison de la pression exercée par le Parti chrétien-démocrate, son partenaire de coalition qui assure à son parti, la Fédération des jeunes démocrates (Fidesz), une majorité des 2/3 au parlement.

La nouvelle loi sur la religion adoptée au mois de juin est révélatrice à la fois de la volonté de la Fidesz de restructurer en profondeur la société hongroise sur des bases religieuses et de resserrer les liens entre les églises et l’Etat pour renforcer à long terme son pouvoir politico-économique. Par ce texte, quatorze églises ont été officiellement reconnues et bénéficieront de subventions publiques automatiques. Outre le fait qu’il renforce la position des églises implantées de longue date en Hongrie, deux communautés religieuses fondamentalistes jusque là « périphériques » font partie de cette liste. La communauté juive ultra-orthodoxe du rabbin Slomó Köves (affiliée au mouvement hassidique de Habad Loubavitch) a été retenue pour faire contrepoids à la Fédération des communautés juives de Hongrie, proche de la gauche libérale. La communauté évangélique pentecôtiste Hit Gyülekezete (l’Assemblée de la foi) qui s’inscrit dans le sionisme chrétien rassemble quant à elle une classe aisée et influente composée de personnalités (artistes, sportifs, etc.) et d’industriels. Elle détient notamment la majorité du capital de la chaine de télévision par câble ATV et l’hebdomadaire Hétek. Toutes deux bénéficient désormais du même statut et des mêmes avantages que l’Église catholique.

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